L’économie circulaire
Concept né dans les années 1990, il représente aujourd’hui un enjeu majeur pour la transition économique pour les pays industrialisés et d’hyper-consommation. En France, parmi les acteurs portant cette idée, il y a l’Institut de l’économie circulaire (www.institut-economie-circulaire.fr) , association loi 1901 créée en 2013. Son objectif est la promotion de l’économie circulaire à travers des démarches collaboratives entres ses membres (environ 150 : entreprises, ONG, collectivités, parlementaires, chercheurs, experts, etc.) et le milieu économique ainsi que l’accompagnement de projets multi-acteurs.
Repères
Au XIX° siècle, la société à dominante agraire et artisanale bascule vers une société commerciale et industrielle. Cette révolution industrielle est le point de départ du modèle linéaire que nous connaissons encore aujourd’hui : extraire, fabriquer, consommer et jeter.
Depuis les années 1970, les sociétés industrielles ont muté pour devenir des sociétés de consommation de masse poussant ce schéma à l’extrême :
– une production massive
– une consommation plus qu’encouragée par un renouvellement constant des produits et la création de nouveaux besoins.
L’activité humaine impacte sur les ressources naturelle de manière exponentielle :
– en 1970 : 34 milliards de tonnes de ressources naturelles étaient utilisées, à l’échelle planétaire, toutes activités confondues ;
– en 2009 : 68 milliards de tonnes
– en 2011, rien que pour le France : 1 milliard de tonnes
La population humaine aujourd’hui est de 7,2 milliards d’habitants. Selon les projection de l’ONU, en 2100 elle passera par pallier à 11 milliards :
– 2025 : 8,1 milliards
– 2050 : 9,6 milliards.
La classe dite moyenne, population sur laquelle repose en grande partie la viabilité du système linéaire en termes de profitabilité, passera de 1,7 milliards de personnes aujourd’hui à 3 milliards à l’horizon 2050.
Aujourd’hui nous savons que la surexploitation des ressources naturelles va entrainer à court et moyen terme leur raréfaction :
– 2020 : plus* de phosphate ;
– 2025 : plus d’or ;
– 2030 : plus de plomb (qu’on retrouve à hauteur de 30% dans les voitures par exemple) ;
– 2075 : plus de minerais de fer ;
– etc.
* On parle ici de gisements facilement accessibles/exploitables à des coûts « raisonnables » d’un point de vue économique.
Après le rappel de ces quelques éléments, revenons à l’économie circulaire. Pour la définir de manière synthétique, nous pouvons dire qu’elle est un modèle économique dont l’objectif ultime est de parvenir à découpler la croissance économique de l’épuisement des ressources naturelles en sortant de l’ère du gaspillage et du tout jetable, dans laquelle nous sommes, en prolongeant le plus possible la vie de la matière et de son utilisation. Pour être efficace, cela passe obligatoirement, en amont de toute filière, par l’éco-conception de tous produits et installations humaines. Cela entraine une boucle en cascade : réutilisation, réparation, reconditionnement, recyclage, valorisation de matière tout en consommant moins d’énergie au global.
L’économie circulaire tend pour une approche locale par une collaboration territoriale de tous les acteurs que sont, entre autres, les industriels, les décideurs publiques, les habitants. Elle vise également à une mutation en profondeur de nos sociétés et de notre mode de vie car la seule optimisation de l’utilisation de la matière par l’étirement de sa durée de vie n’est pas à elle seule l’unique solution aux enjeux colossaux à la fois environnementaux et sociétaux. En effet, avec l’accroissement combiné de la production et de la consommation que nous connaissons actuellement, même si tous les biens et produits étaient à 100% recyclés, cela ne couvrirait que 20% des besoins en matière.
Et la ressourcerie dans tout ça ?
De part son activité de collecte, de réemploi des objets, de leur réparation ou détournement, leur démantèlement pour la récupération de composants et matériaux, une ressourcerie est un outil qui s’intègre pleinement dans cette démarche de lutte contre la déperdition de matière, faisant du déchet non pas un résidus de l’ « éco »-système humain à détruire ou à enfouir mais un nouveau gisement en ressources ré-injectables en circuit court par des activités nouvelles, des métiers et savoir-faire innovants, s’inscrivant dans une dynamique de sens et de territoire.
Informations recueillies au cours de la conférence “Le réemploi, un premier pas vers l’économie circulaire ?” du 9 septembre 2014 à Évreux (27).