Collecter, transformer, revendre les tonnes de déchets produits chaque jour dans l’agglomération. Lucile et Xavier sont décidés à lancer l‘activité de la ressourcerie courant 2015.
Les planches sont assemblées puis clouées, des fils sont tendus, modélisant une toiture. Rue Bannier, samedi, la ressourcerie a pris forme pour le « Parking day ». Création éphémère, le soir aussitôt remballée. Mais les deux porteurs du projet cherchent dans l’agglomération orléanaise un endroit « en dur » pour le concrétiser.
Ni déchetterie, ni atelier de réparation. Aussi appelée recyclerie, la ressourcerie fonctionne sur trois principes : collecter, réparer ou transformer, revendre ou réemployer les déchets. Xavier Girard et Lucile Heurtevin sont à la recherche de 1.000 à 1.500 m ² autour d’Orléans afin de monter la première de la région, déjà baptisée « la Ressource AAA », triple A pour alternatif, artisanal et artistique,
Cet été, ils ont rencontré des élus, peaufiné leur dossier. Bilan ? « On a des déclarations d’intentions intéressantes, mais rien de concret. »
« D’ici la fin de l’année »La piste Famar dont ils avaient rêvé ( notre édition du 18 juin) apparaît bouchée. « L’idée de la ville est de se concentrer sur l’activité économie numérique », commente Xavier Girard. Pas de mélange des genres donc, même si le projet des deux trentenaires n’a rien d’un plan sur la comète : une étude de l’AgglO, en charge de la gestion des déchets, concluait il y a quelques mois à la faisabilité du concept sur son territoire, jusqu’à présent très peu doté en structures de recyclage. Un Emmaüs et l’association Envie qui retape de l’électroménager… pour 250.000 habitants et plus de 10.000 tonnes d’encombrants par an.
« Le traitement des déchets, c’est une mission de service public. L’objectif des collectivités est d’arrêter d’enfouir les déchets, la tonne à incinérer coûte 130 euros, ça coûte forcément moins cher d’en faire autre chose », conclut Xavier Girard. Le trentenaire assure que le pourcentage de matériaux potentiellement réemployés sera élevé « grâce à notre vocation artistique. Les briques, cartons, ou autre vaisselle ébréchée n’intéressent pas Emmaüs, nous oui. » À la ressourcerie, ils pourront servir de matières premières aux artistes locaux.
« Aujourd’hui, on a besoin de perspectives claires d’ici la fin de l’année », poursuit Xavier Girard, qui avait flairé une piste à Saint-Pryvé-Saint-Mesmin. « Ce sont des anciens bureaux des années 1970, vitres fumées et hangar en bois. Géographiquement, c’est intéressant, sur l’axe est-ouest, et la proximité avec le fleuve permettrait d’envisager une étape de la Loire à vélo. » Mais le propriétaire, victime d’actes de vandalisme, n’envisage pas pour l’instant de remettre le lieu en état. Alors, la Ressource AAA continue son démarchage, public et privé.
Élargir le cercle« Pour nous, le temps presse », insiste Xavier Girard. Cette semaine, les deux Orléanais répondent à un appel à projets de la région Centre, et ont bon espoir de pouvoir démarrer leur activité prochainement. « L’AgglO doit créer une aire de réemploi à la déchetterie de Saran, ils ont aussi lancé un appel à projet pour l’animer. Envie et Emmaüs se sont déjà positionnés, on aimerait en faire autant, le seul hic, c’est qu’il faut avoir un lieu ! », déplore Xavier Girard.
Une assemblée générale – ouverte à tous – de l’association aura lieu le 10 octobre prochain, à Bou, dans le hangar des Mécanos de la générale. « On a un premier cercle de fondateurs, on cherche désormais à élargir le second, au-delà des trentenaires intellos de gauche ! », sourit Xavier Girard, prêt à recycler toutes les bonnes volontés « du secteur économique et privé ».